Atlas cosmologique

En prenant appui sur des dispositifs médiatiques, le projet « Atlas cosmologique » porte sur la manière dont une connaissance non objective se constitue et se structure. Il est constitué d’un corpus de documents dans lesquels une description du cosmos a été amorcée et s’active à travers trois dispositifs spatialement et temporellement distincts mais se répondant entre eux : une interface web, des sessions de réflexions et des publications imprimées.

Projet imaginé et développé par Julie Blanc
Dans le cadre du master « Politique et expérimentation graphique,erg.edit, politique du multiple »
de l'erg, école de recherche graphique, Bruxelles

Quelle forme attribuer à notre univers ? Comment représenter ce qui n’est pas perceptible directement par notre regard et nos sens ? Depuis toujours, l’homme interroge le cosmos, sa structure et son histoire, à travers la science, l’art, la philosophie ou même plus récemment l’anthropologie.
En tentant d’attribuer une structure à ce qui nous échappe, nous créons de nouvelles formes qui offrent bien souvent une image de leur époque - un instantané de leur esprit et de leur temps. Or, nous le savons aujourd’hui, la question du temps et de l’espace détermine le regard que nous portons sur l’univers. J’ai souhaité interroger ce corpus en m’appuyant sur des dispositifs - à la fois outils et protocoles de réflexions - s’inscrivant dans des spacio-temporalités propres mais se répondant l’une l’autre.

En premier lieu, une interface web est proposée. Continue, ouverte à tous mais induisant un certain comportement dirigeant notre manière de penser et d’agir, elle contient notre atlas cosmologique « numérique » se présentant sous la forme de blocs mobiles constituant les documents du corpus. Les utilisateurs peuvent alors manipuler cet atlas de différentes manières : juxtaposition et montages dynamiques de blocs, commentaires ou ajout de documents dans la base de données. Ces derniers sont par ailleurs imprimables sous la forme de PDF générés à la demande et peuvent ainsi être utilisés lors des sessions de réflexion.
Les sessions sont des dispositifs ponctuels s’établissant dans un lieu et un temps précis. Elles permettent à 3 ou 4 participants d’établir un rapport physique au contenu et de libérer leurs gestes de l’interface. À l’issue de chacune d’elles, une publication imprimée est proposée afin de rendre compte et d’archiver les processus mis en place par les participants.

Ces trois dispositifs activent le corpus en le soumettant à des montages dynamiques au sein desquels les documents peuvent se répondre et laissent trace de cette recherche.
Ils entrouvrent ainsi diverses problématiques surgissant à la croisée de la pratique et la théorisation de l’objet-atlas : comment problématiser un corpus de recherche croisant plusieurs regards et appropriations ? Comment agir sur lui ? Où situer l’enjeux de la matérialisation de l’appréhension de l’information et la construction du savoir ? Comment le sens se construit-il par le montage et la pensée associative ? Il me semble important de théoriser l’expérience de la lecture et la confrontation entre lecteur-acteur et dispositifs médiatiques. Et réouvrir le « texte », au sens du discours, à un regard plus large sur son « espace ».